Des photos, des mots, des sons, des vidéos… L’installation poétique, co-réalisée avec Daniel Conrod, est visible dans le hall de la MC93 du 13/09 au 23/12/2017, infos pratiques sur le site de la MC93
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Installation, est-il annoncé en gros caractères sur l’un des kakémonos, installation, du verbe installer, installer autant qu’il est possible, déposer, à l’intérieur d’une grande maison de théâtre, la MC93, quelques traces et autres objets plastiques remarquables issus d’une résidence de recherche et d’écriture entreprise en automne 2015 sur le territoire de la ville de Bobigny autour et à partir du travail social, de ses acteurs, les travailleurs sociaux et professionnels du soin. S’y sont ajoutés au fil des mois des bénévoles de l’action sociale et culturelle et deux écoles primaires.
Tout est parti de la fermeture de la MC93 pour travaux et d’une invitation de sa nouvelle directrice à penser – ou à peupler - cette fermeture provisoire. À quoi l’écrivain Daniel Conrod a répondu avec une proposition concrète : et si la construction de liens solides et authentiques entre un théâtre et les habitants d’un territoire passait par le renforcement des liens entre ce théâtre et celles et ceux qui comptent parmi les plus proches des habitants, les acteurs du champ social. Ainsi est née la dramaturgie des mutations, un composite de rencontres, d’immersions plus ou moins longues, d’ateliers d’écriture, de lectures publiques, de performances et de banquets poétiques dans les différents quartiers de Bobigny. Tout au long de cette résidence, l’auteur a invité le photographe et vidéaste Vincent Muteau à œuvrer à ses côtés à l’élaboration d’un poème social et littéraire en acte, entrelaçant le texte tant écrit que performé (les discours en tout premier lieu), l’image fixe et la vidéo.
Avec les portraits sautés, le photographe donne à voir, sur fond d’individualisation du rapport au travail et dans leur environnement professionnel ou social, des individus puissamment vivants, passés de l’ombre à la lumière, débarrassés des conventions iconographiques, soulevés par l’énergie du rebond et l’état de joie qu’il provoque, à la fois confiants et sans illusions quant à l’état des choses. Les voilà donc entrés dans le théâtre par la grande porte. Ils en sont les alliés substantiels, comme le sont les artistes, mais d’une autre façon. Avec eux, à leurs côtés ou dans leur sillage, les gens, des gens de toutes appartenances, filmés au ralenti dans Le Grand saut (https://youtu.be/b84mQ5DSQSY) et figurant des petits peuples éphémères ou peuples-lucioles, comme autant de possibilités d’autre chose.
Au-delà du seul regard porté sur les traces d’un travail artistique, l’écrivain et le photographe invitent le visiteur à poser un geste simple et pratique par lequel il entrera à son tour, au propre comme au figuré, dans la maison théâtre ré-ouverte et qui l’en fera donateur. En enregistrant un poème de son choix, enrichissant ainsi le répertoire poétique permanent ouvert récemment par la MC93 sur la proposition de Daniel Conrod. Et en élargissant, avec le dessin et les mots, la collection de cartes postales conçue à partir des portraits sautés et inaugurée au printemps dernier par les élèves de CP-CE1 de l’école Paul-Eluard.
La suite de l’histoire nous appartient. À chacun d’inventer son propre saut dans le présent. Il s’appelle fictions, écriture, poème dramatique, rêves, monde meilleur, beauté vécue et partagée, émancipation, subjectivités échangées, désir de politique, communautés, nouveaux imaginaires, nouvelles frontières, nouvelles images.