10 février 2008

Sombre lueur

 

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Il y a des journées comme ça… De celles où la fatigue commence à pointer le bout de son nez… Trop de bruits, trop de couleurs, trop d’épices, trop d’enfants agrippés à moi, trop de misère, trop d’émotions… Pour moi aujourd’hui, ça a commencé un peu comme ça. Normal, on a un peu ralenti le rythme depuis deux jours alors la pression retombe un peu. Et puis on sent la fin arriver… encore quatre spectacles d’ici après demain et puis le retour dans trois jours… mais cette lueur sombre qui voile le regard ne dure jamais bien longtemps ici. Je m’isole un court instant pour me “recentrer” et me laisse très vite à nouveau gagner par le spectacle de la rue permanent, infini… Toutes ces âmes, tous ces destins qui passent, qui grouillent devant moi… un doux vertige. Toutes les couleurs, tous les graphismes de ces affiches… Tous ces regards, tous ces sourires sincères, spontanés, gratuits, magnifiques… Le spectacle se déroule bien devant un public très chaud et très réceptif… une cour d’école dans un quartier d’intouchables de la petite ville de Gingee… tout le voisinage est là, c’est dimanche.

En rentrant au village, on tombe sur une noce de campagne… un décor de fleurs et de lumières planté sur une pauvre voiture hors d’âge traînant un groupe électrogène nasillard, un spectacle incroyable à l’image de ce pays: magnifique et pathétique, grandiloquent et miséreux, attirant et repoussant… mais au final tellement touchant, un charme fou. Nous sommes quelques uns à suivre la procession jusqu’à la maison des mariés… une pauvre bicoque en toit de palme. Ces gens de peu qui se sont ruinés pour une telle cérémonie nous invitent à partager la nourriture… La lueur sombre s’est totalement envolée, j’ai l’impression de faire partie de la famille.

Vincent

The sound of music in India…

Hier soir, on s’est couchés, bercés par les haut-parleurs dans le village. Fête de mariage et donc musique indienne plutôt rythmée et forte… mais un besoin de sommeil et de repos, il était fort nécessaire de se procurer les boules Quies. J’ai trouvé le sommeil heureusement mais pour être réveillée de nouveau à 6 heures du matin… la fête du mariage reprends avec sa musique et là, même les fameuses boules Quies ne suffisent plus !

Vers 7 heures, je me lève… Ah peut être un petit moment de tranquillité avec un thé face aux rizières paisibles ? Tu parles Charles, à peine installée dans un coin, un tracteur se met en route, les enfants du village courent vers moi “Aunty, aunty, aunty”, les coqs crient “cocorico, cocorico”, les femmes lavandières crient “lessive, lessive”, la cloche pour la messe tintille “cling, cling, cling”, les chiens du village font “wouah, wouah”, les oiseaux “cui, cui”, les corbeaux “croa, croa”… Julie Andrews ( pour ceux qui connaissent leurs classiques en comédies musicales ) aurait une crise de nerfs !!! Mais ces indiens ” fill our hearts with the sound of music !”

11 heures… Avant notre départ pour la journée ( nous jouons aujourd’hui à 18 heures ), Tintin organise entre nous une petite séance de méditation active… allons nous y arriver..

15 heures 30… Quelques heures passées dans la ville de Gingee, encore le bruit intense et chaotiques des villes avec les éternels klaxons des bus, voitures, rickshaws et motos, les cris des marchands tamouls et la musique des sonos de mauvaise qualité qui percent de partout… Nous sommes invités à boire le thé chez Neermana qui fait partie de l’organisation du spectacle de ce soir… jardin plutôt paisible, agréable mais non loin, il y a tout de même un haut-parleur qui émet de la musique fort stridente… c’est normal, on est dehors non ?

17 heures… on est dans la cour de l’école où nous allons jouer. Tout de suite, une cinquantaine de gamins qui viennent à notre rencontre: cris, rires, bagarres entre garçons pendant que nous décidons où jouer. Le tonnerre rôde autour de nous, on espère que nous ne finirons par chanter “SInging in the rain”… j’ai mes chaussures de claquettes, j’essaierai d’être à la hauteur de Gene Kelly. L’ouverture de la mosquée avec les prières diffusées sur haut parleur. Et notre frénésie à nous qui recommence avec les préparatifs du spectacle…..

22 heures… pas de pluie… environ 800 personnes, un public très enthousiaste… nous avons été bien remerciés par les soeurs et frères qui tiennent l’école. Deux soeurs plus âgées en habit blanc classique et deux jeunes “modernes” qui portent le sari rose saumoné. Je lui ai donc mis ma perruque rose à la fin, elle a bien ri et nous aussi… Passage en ville pour manger où nous avons croisé encore trois / quatre mariages, tous avec tambours et musique à fond… c’est le mois en Inde le plus propice pour se marier…

23 heures… nous sommes au village, la maison, enfin chez nous ! et hop, encore un mariage ! grande fanfare à l’indienne pour accompagner le char kitsch des mariés, les enfants qui nous accueillent de nouveau en criant “Aunty, aunty, aunty…” Je crois que ce soir c’est encore raté pour dormir tranquille, mais au moment même où j’écris, j’entends le groupe derrière moi qui rigole… on se raconte les moments forts de la journée et dehors… c’est incroyable, simplement des cigales !!!!! Je suis en Inde ou à Marseille, je ne sais plus ? C’est ça le dépaysement total et ” Long live India” !

Margot.

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