Un milliard d’Indiens … et moi et moi et moi
Avez-vous déjà expérimenté la sensation d’être les Rolling Stones ou Lady Di ? Cet étrange phénomène qui fait que tout le monde veut vous serrer la main ? Ce besoin d’être protégé par un cordon de sécurité afin de ne pas finir piétiné d’amour par une foule en délire ? Nous oui et pas plus tard que ce matin… dans une école à 10 km de Pondy, dans un village encore une fois peuplé essentiellement de pêcheurs et d’intouchables. Dès notre arrivé, les gamins sont très chauds, il y a un bruit dans cette école, un bourdonnement permanent… L’attroupement se fait immédiatement autour du montage. On ne peut pas croiser un groupe de dix gamins sans qu’ ils se mettent à hurler en vous faisant des grands signes de la main… surréaliste !
Dans cet Olympia improvisé et à ciel ouvert, le spectacle prends une tout autre dimension devant cette foule de 900 enfants bien alignés et en uniformes… D’un côté, les garçons surexcités et de l’autre, les filles, plus réservées mais qui bouillonnent à l’intérieur et qui ne demandent qu’à laisser sortir la vapeur… Une véritable ambiance de pensionnat comme on en a connu chez nous avec cet océan d’inconnu qui sépare les deux sexes et des surveillants qui mènent tout ce petit monde à la baguette (au sens propre ! ). Nous sommes sidérés de voir la rumeur que déclenche la danse entre Tintin et Margot. Deux corps qui se touchent… pour ces jeunes, l’image est d’un érotisme délicieux !
Le spectacle presque terminé, je me dis intérieurement que contrairement à hier soir, les jeunes ici sont bien cadrés et que le dispersement va être géré dans le calme…. enfin presque ! Bravant les ordres des adultes, les jeunes se lèvent d’un seul coup et se mettent tous à courir pour venir saluer les clowns en loge, les toucher, les remercier… Je vous assure que c’est très impressionnant de voir Mai 68 vous foncer dessus ! Doriane se fait littéralement avalée par la foule… certains garçons en ont, parait il, bien profité pour lui les peloter les fesses et les nichons… Faut bien que ça sorte …
L’après-midi, le montage du second spectacle se passe beaucoup plus calmement à quelques kilomètres de là. Un place couverte de sable rouge dominée par un château d’eau qui lui donne des airs de “Bagdad Café”… des blanchisseurs y travaillent et y font sécher le linge au sol à même la poussière. Le spectacle se déroule très bien devant un plus petit public très à l’écoute… les logements très rudimentaires laissent à penser qu’il s’agit d’un quartier très populaire, des gens peu éduqués… en tous cas, ça marche, ils semblent ravis.
Vincent
Le blues du logisticien.
” Poïte varem… Allons-y ! Oui, moi qui suis fan de l’Inde de longue date (privilège de l’âge !) je me demande souvent dans quelle galère je me suis embarqué. Non content d’avoir paumé tous les papiers (billets de retour, contacts, budget prévisionnel, j’en passe et des pas tristes !), j’ai laissé à PAris une partie du budget prévu pour la mission. Bref, le logisticien d’enfer ! L’enfer depuis, c’est moi qui le vit… Au secours maman, je veux rentrer chez moi ! Nuits blanches à ruminer ma nullité et à voir qu’il faudra bien qu’on fasse la manche si on veut manger en fin de tournée. Heureusement, le spectacle est bon, on pourra toujours gagner quelques roupies et des bananes (courtes et rondes… délicieuses !).
L’envers du décors, c’est qu’avant que tout se fasse, j’entends tout et son contraire. Les indiens, gens adorables et souriants, pratiquent traditionnellement la logistique floue (et pour un logisticien…..!!!!!). Le rendez-vous approximatif et le bricolage génial et douteux. S’il me restait encore des cheveux, je m’en arracherais volontiers quelques poignées.
Et malgré tout ça, l’ambiance de l’équipe, faite d’émotions, d’empathie et d’énergie est telle que chaque jour est meilleur que le précédent. L’Inde magique est au rendez-vous avec ces regards d’enfants que les adultes ont…… et cette poésie qu’on sent partout plus forte que la dureté de la vie. ”
Alain.
note de la rédaction : rassurez-vous ! n’envoyez pas de boîtes de pâté ! n’appelez pas le Quai d’Orsay ! nous avons de quoi manger et récupérer les billets retours.